En préambule, il nous est apparu important de faire figurer cet extrait d’une des intervenantes de l’association Cantine des Femmes Battantes, qui souligne l’importance, et encore plus aujourd’hui, de voir dans toutes personnes, qu’elles viennent d’ici ou d’ailleurs, une richesse qu’il est essentiel de valoriser et plus particulièrement sur la connaissance du milieu paysan.
Cette association est le fruit de plusieurs rencontres et de temps d’échanges entre des personnes d’horizons et d’engagements très différents mais dont les intentions communes sont de trouver des moyens de mettre en lien des réseaux en milieux urbains et ruraux.
En cela, l’objectif premier de ce projet est de construire une dynamique d’accueil, de formation et d’accès au travail pour des personnes avec ou sans papiers, qu’ils/elles soient urbaines ou rurales. Nous pensons que le travail peut être un vecteur d’émancipation, de solidarité et un moyen d’acquérir des savoir-faire. De plus, à terme nous souhaitons faciliter les installations paysannes que ce soit ici en France ou ailleurs.
En ville, nous partons du constat que :
Pour les personnes ayant des difficultés d’accès au monde du travail déclaré et avec un parcours migratoire : le BTP, le ménage, la sécurité et la cuisine sont de grands pourvoyeurs d’emploi. Pour autant, il est régulier que les personnes le fassent par nécessité plus que par réelle ambition personnelle et professionnel.
Il n’est pas rare pour beaucoup de personnes ayant quitté leur pays de se retrouver dans un dilemme : vendre la parcelle familiale pour se créer une opportunité en Europe ou la garder mais avec les difficultés matérielles et les incertitudes que cela représente. Ces dilemmes et questionnements se posent partout de l’Afrique de l’Ouest au Pakistan.
Aussi, il n’est pas rare que des résidents de foyers de travailleurs arrivés à un certain âge soient « coincés » entre rentrer et perdre leurs droits sociaux en France ou rester en étant loin des attaches familiales.
Acquérir et partager
« Si tu pars à l’étranger et que tu reviens sans argent, gagne l’expérience ».
Avec notre association A4 ville/campagne, nous voulons proposer des alternatives à ces constats :
Faciliter les circulations avec le monde rural et aux métiers agricoles et artisanaux tant dans une logique de formation, d’activités et aussi de temps de repos – refuge
Permettre l’accès au travail et à la formation dans le monde agricole nous semble une alternative aux dilemmes soulevés plus haut, puisque nous pensons que c’est par ce moyen que les personnes deviendront acteur ou actrice sur leur territoire d’origine. Il s’agit de donner l’opportunité de travailler et d’apprendre les techniques agricoles afin d’être en capacité de transmettre/partager les savoir-faire ici ou dans les pays d’origines.
En somme, l’objectif de l’association via un réseau de fermes et de paysan-e-s allié-e-s, est de créer les conditions pour un accueil et un accompagnement collectifs à l’accès au travail paysan et artisanal.
Dans un premier temps, nous mettrons en place
Des voyages de rencontres humaines, conviviales et de mises en liens
Des séjours d’initiation afin de s’essayer aux techniques agricoles et découvrir le ilieu paysan et rural
Des séjours longs avec l’idée de s’installer durablement dans le travail agricole
Protocole d’accueil
Au vu des témoignages que nous avons pu recueillir, la bonne volonté ne suffit pas à garantir des bonnes conditions de travail et d’accueil. Et cela, même de la part de personnes partageant les mêmes idées d’entraide. L’isolement et l’absence de soutien arrivent souvent et les outils pour y remédier ne sont pas toujours pensés.
En conséquence, il nous est apparu essentiel de réfléchir l’accueil et l’hospitalité à partir d’un questionnaire (ci-joint) afin d’avoir une base pour dialoguer avec les personnes qui accueilleraient.
Entraide « d’égale à égal »
Cette association n’est pas une structure qui souhaite venir en aide aux « exilés » « migrants» ou « sans-papiers ». Des termes rejetés par les personnes à l’initiative de ce projet qui dont certains l’ont été.
Les territoires ruraux ne sont pas exempts de difficultés notamment liées à la perte de vocation des métiers agricoles/artisanaux et la déliquescence des appuis institutionnels.
Par ailleurs, dans la prochaine décennie c’est quasiment la moitié des actifs du monde agricole qui seront en âge de partir à la retraite. Et actuellement, il nous semble fort probable que ces départs se soldent par un agrandissement des surfaces de l’agro-industrie et pour l’étalement urbain.
C’est à ce titre que nous souhaitons d’égale à égal, dans la réciprocité, une dynamique mutuelle entre des gens liés aux villes et aux milieux ruraux et paysans, basé sur l’entraide et en ayant conscience des besoins de chacun.e, mais aussi des ressources de chacun-e.
Notre prochaine étape
Aller à la rencontre de différentes fermes, différent-e-s paysan-e-s et dialoguer sur la base de notre questionnaire et nos réflexions
Il s’agira d’un temps d’échanges afin de partager nos expériences et de se projeter sur comment mettre en œuvre de potentielles collaborations dans le futur avec une multitude de fermes.
Ainsi, l’objectif de ce voyage de rencontres est de mieux nous connaître, de créer des liens humains, et de répondre aux besoins sur le long terme à la fois de paysan-e-s cherchant des personnes motivées pour travailler avec eux-elles et de personnes en recherche d’activités agricoles, rurales ou artisanales.
Par ailleurs, une partie de nos entretiens réalisés et des réflexions qui émergeront à la suite de ce séjour seront retranscrits dans le but de nous appuyer dessus comme moyen de faire la promotion de notre projet et de sensibiliser d’autres fermes à notre projet.
Notre groupe de départ est riche de son hétérogénéité :
Dans les provenances géographiques des personnes, qui s’accompagnent nécessairement d’une expertise et d’une sensibilité différente au travail agricole et artisanal. Qu’il s’agisse du Sénégal, du Mali, du Tchad, l’Algérie, du Soudan, de l’Espagne et même de la France chacun.e amènera une compréhension qui lui estpropre, ce qui ne fera qu’enrichir ce séjour.
Dans les compétences professionnelles, seront présents d’anciens boulangers, des
cultivateurs/trices, des soudeurs, ou encore des membres divers d’associations
d’éducation populaire déjà impliqués sur les questions agricoles (INPACT, Terre de Liens, Réseau des Crefad) ou autour de l’alimentation.
La force de ce groupe, c’est qu’ils et elles ont tous.tes en commun la volonté de travailler de près ou de loin avec dans le milieu agricole. De plus, une bonne partie d’entre eux/elles ont comme perspective de s’installer ou d’aider d’autres à s’installer, voire de transmettre les savoir-faire acquis dans leurs pays d’origine.
Lieux envisagés
Pays de la Loire
Bretagne
Sud Aveyron
Limousin
Isère
Mayenne
Sarthe
Partenariats déjà envisagés
Reprise de Terres
La Cantine des Femmes Battantes
AMASE (Association Malien d’Aide et de Solidarité pour l’Education)
…
INPACT National
Terre de Liens
CIVAM
Accueil Paysan
ZAD NDDL
Tero Loko
Questions et points essentiels suite aux discussions avec Backo et Habib (initiateur du projet)
Nous avons tenté de lister les questions et prérogatives pour que l’accueil se passe au mieux
En amont de l’accueil
Mettre en place un système de référent pour chaque lieu d’accueil, qui sera l’interlocuteur de l’association. L’interlocuteur sur la ferme s’assura de l’accueil, la
communication avec l’association et que tout se passe bien.
Frais de déplacements aller-retour sur la ferme à la charge de l’association.
Organiser un séjour court/découverte avec un petit groupe.
Conditions d’accueil
Réfléchir à un réseau « en dehors de la ferme » afin de casser l’isolement et une façon de « s’approprier le territoire ». Exemple : à l’arrivée de l’accueillie sur la ferme, présentation des voisins et visite des lieux aux alentours (cafés,commerces, associations, etc.).
Chercher des liens avec d’autres fermes sur le territoire ?
Logement : à part, avec les personnes accueillantes, ou autre ?
Possibilité de bénéficier d’un moyen de transport : vélo, voiture, moto ?
Nombre de personnes qui pourraient être accueillies ?
Aborder le point des habitudes alimentaires de chacun.e.
Durée du séjour
Weekend, semaines, mois ?
Période de l’année la plus propice ?
Condition de travail
La personne qui vient peut-elle bénéficier d’une assurance ?
Temps de travail à la journée ?
Rémunération
Déclaré (à quel taux horaires) ou non ? Y a-t-il une possibilité de faire un stage ou d’avoir une attestation de bénévolat ?
Même si non rémunéré : peut-elle aiguiller pour la recherche de travail ou de formation complémentaire ?
Accessibilité
Au moment de l’arrivée
le lieu est-il facile d’accès en transport ?
La personne référent sur la ferme peut-elle se déplacer ?