Subsistances, entraides, résistances.
Faire lieu, faire lien.
Le 18 mars nous avions organisé un banquet qui avait réuni des membres des cantines populaires (Cantine des Gilets Jaunes…), des brigades de solidarité , des gens qui organisent des récupérations alimentaires et d’autres formes de mutualisation des ressources (Les Bons petits légumes), des personnes cultivant des terres proches de l’Ile de France, des épiceries coopératives (Cocori’Coop), la Fédération des Murs à pêches, Remix the commons, Les Communaux, des habitant.e.s des quartiers des Murs à Pêches, des participants et participantes au fonctionnement de la Parole errante, d’AERI…
Quelques mots sur le moment que nous vivons.
La France s’est installée dans un paysage où prolifèrent des actions de blocage, des grèves, des manifestations qui débordent, des sabotages…
Le contexte est celui d’une délégitimation de plus en plus radicale du gouvernement et des sphères de la représentation politique. Aux actions des Soulèvements de la Terre et à la constitution d’une large constellation de contestations du monde infrastructurel et de l’administration du désastre au service de l’économie, s’ajoute une action gouvernementale en roue libre qui ne parie plus que sur la brutalité de la police pour faire tarir toute forme de résistance et de révolte.
C’est dans ce paysage que nous inscrivons la poursuite de nos échanges portant sur des formes d’autonomie situées et le tissage d’entraides et de liens entre des initiatives disparates. Il s’agit aussi de la réappropriation d’un territoire où sont détruits des lieux qui font exister des manières de résister à la dévastation des coopérations et des solidarités.
A la suite de nos discussions, il nous est apparu nécessaire de nous pencher sur certaines questions qui sont autant de « problèmes » animant nos différentes initiatives :
– Partons de la question des subsistances, en particulier celles touchant à la question alimentaire. Qu’est-ce que travailler à des formes d’autonomie alimentaire dans des contextes de grande précarité sociale ? Comment faire face aux dépendances à l’égard de l’infrastructure de la distribution et à l’atomisation à laquelle elle conduit?
– Qu’en est-il de la séparation entre des initiatives « politisées » et la vie ordinaire dans des quartiers, souvent des espaces de relégation, qui ont leurs propres formes d’entraide et de solidarité souvent invisibilisées ?
– Quels liens fabriquer avec des lieux, des territoires de ce qu’on appelle la « campagne » ? Quels liens avec le monde paysan qui résiste à la mise au pas agro-industrielle et aux ravages des milieux de vie ailleurs que dans les mondes densément urbains ?
– Faut-il ritualiser des moments de rencontre, de partage des expériences, et donc de liaison entre celles-ci ? Faut-il en ce sens créer des cartographies vivantes de lieux, d’initiatives, des constellations déjà organisées, pour fabriquer un contre-paysage à la dystopie du gouvernement ?
Est-ce que tout ceci ne constitue pas une lutte contre la métropolisation, en tant que celle-ci est une brutale mise en valeur du territoire sous le signe de sa marchandisation, souvent sous un vernis écologique qui contribue à créer des formes insidieuses de ségrégation ?
Pour discuter de toutes ces questions, pour contribuer ensemble à leur donner des perspectives, nous vous invitons au Forum politique qui se tiendra dans le cadre du Festival des Murs à Pêches les 27 et 28 mai 2023.
Comment le Forum se déroulera-t-il ?
Pour chacune de ces deux journées, nous inviterons une personne à partager son expérience pour engager une conversation ouverte à toutes et tous. Nous partirons de la question des subsistances et de l’autonomie alimentaire le samedi et poursuivrons le dimanche avec celle des liens qui se tissent entre lieux, entre initiatives collectives et avec le monde paysan qui résiste. Le forum est une invitation à échafauder des manières de rendre ces liens visibles à nous mêmes et de ritualiser les partages afin de fabriquer un contre-paysage à la métropolisation.
Retrouvons-nous samedi et dimanche de 14h à 17h, au 77 rue Pierre de Montreuil
federationmursapeches.fr