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Démanteler les réseaux, refonder des liens techniques

Théâtre de L’Échangeur, le 9 juin à 19h. L’infrastructure électrique est-elle un objet technique reconfigurable ? Si changer de société revient à changer d’infrastructure, alors quel serait le réseau idéal ?

Au-delà de la production énergétique, questionner la distribution et la transmission de l’électricité peut préfigurer de profondes restructurations. Éclairer la matérialité du grand système électrique, c’est tenter de recomposer une intelligibilité technique. Pourrait-on réorienter quelques portions de la matrice infrastructurelle, recycler quelques segments et câbles ? Quelles seraient les formes, échelles et structures d’un réseau électrique radicalement autre et avec quels principes d’interconnexion pourrait-il fonctionner ? L’enjeu : réinventer des liens techniques sans forcer ou arraisonner le vivant ; repenser les structures et la gouvernementalité des réseaux pour bâtir d’autres communs techniques.

Le rêve d’une déconnexion. De la maison autonome à la cité auto-énergétique

À la suite de la présentation de Fanny Lopez trois personnes de L’Amassada et de La Chose, interviendront pour parler de leurs expériences de terrains dans la lutte contre l’ordre électrique.

Une brève histoire des batailles menées dans le sud Aveyron pour stopper l’invasion de l’éolien Big Tech et l’implantation d’un méga transformateur RTE sera l’occasion d’affirmer une fois de plus nos griefs à l’encontre de l’industrie du Green New Deal et de dessiner une vision nôtre du territoire, fait de perceptions, de techniques, d’affects, et non simplement d’un agglomérat de ressources.

Leur écologie est un désastre

L’histoire des moulins en Occitanie en est le signe, parmi d’autres, d’un rapport charnel aux éléments, et qui n’est pas extractiviste. Il sera question aussi de décortiquer le lien étroit qu’EDF Renouvelables entretien avec la continuation du colonialisme énergétique dans l’isthme de Tehuantepec. Que ces projets écocidaires et génocidaires puissent se présenter comme « durables et respectueux » ici en Europe est un mensonge de l’écologie en marche.

Etre forêt. Habiter les territoires en lutte

Un camarade qui s’est rendu au Mexique pour enquêter sur les dégâts de l’accaparement éolien des terres communales viendra nous en parler. Enfin et comme pour lancer un appel aux ingénieurs, une membre de la Chose, ancienne élève de l’Ecole Polytechnique et déserteuse de l’industrie de la transition énergétique, nous racontera son expérience contrastée dans le développement des méga-réseaux électriques d’une part et dans la lutte contre l’Ordre électrique d’autre part.

Ce sera l’occasion de mettre en lumière et de questionner la place de l’ingénieur dans le rapport aux communaux : les penseur·euse·s techniques des infrastructures de réseaux conditionné·e·s à les développer, les gérer et les optimiser, peuvent-iels par le processus de désertion participer à leur démantèlement et à la réappropriation communale de l’énergie ?

Cette rencontre sera introduite par Fanny Lopez et comptera avec les récits de Jean-Baptiste Vidalou et deux camarades de La Chose.

Fanny Lopez est historienne de l’architecture et des techniques, maîtresse de conférences à l’ENSA Paris-Est à l’Université Gustave-Eiffel et chercheuse au LIAT, ENSA Paris-Malaquais. Ses activités de recherche et d’enseignement portent sur l’impact spatial, territorial et environnemental des infrastructures énergétiques et numériques, ainsi que sur les imaginaires techniques associés à leur transformation. Parmi ces ouvrages : Le rêve d’une déconnexion. De la maison autonome à la cité auto-énergétique (Ed. La Villette 2014, traduit chez Manchester University Press 2021) ; L’ordre électrique, infrastructures énergétiques et territoires (Ed.Métis Presses, 2019) pour lequel elle a obtenu le prix de l’Association académique de recherche, d’histoire et de sociologie de l’énergie 2021.

Jean-Baptiste Vidalou est tailleur de pierres et philosophe, auteur de Être forêts. Habiter des territoires en lutte (Editions la Découverte/Zones, 2017).

A propos de La Chose (Coordination Hétéroclite pour l’Obturation des Systèmes Electriques), on peut lire ici leur manifeste : Leur écologie est un désastre, déconnectons-la.

Nous nous retrouverons au Théâtre de L’Echangeur (à Bagnolet), le jeudi 9 juin 2022 à 19h. C’est accessible en métro, bus ou tramway : de plus amples informations pratiques disponibles sur le site du Théâtre.

Nous vous prions, en raison de la jauge de présence imposée aux lieux culturels publics pour cause de Covid-19, de nous faire savoir votre présence par retour de mail.