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Arrêter pour pouvoir recommencer. Partir pour pouvoir revenir

Après quatre ans de rencontres, d’enquêtes, de présentation de recherches, d’un travail de liaison entre des initiatives disparates, les Communaux font une longue pause.

Nous avons tenté de contribuer au tissage de cartographies vivantes autour des hospitalités, du soin porté à la vulnérabilité des formes d’existence, de la réappropriation de nos milieux de vie. Nous avons été présents aussi dans des luttes pour défendre des lieux et des expériences qui rendent le monde habitable.

L’indigence des scènes politiques nous accable. Nous pensons plus que jamais que l’hypothèse communale doit partout être actualisée

L’époque est fracassante. La brutalité du pouvoir s’exhibe sans complexes : le lent génocide des migrants noyés dans la mer, la longue litanie d’assassinats policiers dans les quartiers, le carnage par les gendarmes à Sainte-Soline contre celles et ceux qui affrontent la prédation de l’agro-industrie, la dissolution des Soulèvements de la Terre, le pullulement de milices d’extrême droite souvent main dans la main avec la police, elle-même de plus en plus gangrenée par son vieil ethos fasciste, l’effondrement des institutions et de la fiction d’un projet de vie pour tous dans les cruelles coordonnées de l’économie, la déferlante de propagande gouvernementale et les propos avilissants colportés sans scrupules par les médias qui dominent le paysage médiatique…

L’indigence des scènes politiques nous accable. Nous pensons plus que jamais que l’hypothèse communale doit partout être actualisée. Des formes d’entraide, de solidarités, de coopération, d’hospitalité prolifèrent partout. Car partout il est possible de fuir les scènes de la représentation qui nous enferment dans la clôture des identités en nous rendant des proies du gouvernement. Nous savons que l’avenir des mondes vivants se jouera au travers des rencontres entre des hétérogénéités. A partir des savoirs situés qui se laissent embarquer dans une pluralité de mondes en train de se faire.

Nous savons que l’avenir des mondes vivants se jouera au travers des rencontres entre des hétérogénéités

Après tout la communauté, n’est que participation : l’appartenance à des régions de l’expérience qui surgissent dans l’enchevêtrement d’une multiplicité de modes d’existence. La communauté ne précède jamais aux actes et aux gestes de communisation. Ceux-ci sont le creuset de ce qui fait différence dans le monde homogène de l’administration du désastre qui porte aujourd’hui pour nom Métropole. Ce monde de dévastations, que nous n’hésitons plus à appeler libéral-fasciste, a pour visage dans nos contrées l’arrogance des Macron et ses acolytes encadrés par le décor écrasant de la violence de sa police. Mais il ne suffira pas de changer de masque pour destituer la brutalité du pouvoir, ses puissances de destruction. C’est par les liens que nous fabriquons, avec nos puissances d’animation que nous ouvrirons des possibles pour rendre impossible leur monde de destruction.

Dans les prochains temps, nous allons tenter de mener un travail d’enquête, compiler des récits, solliciter des contributions. Nous voudrions en faire un livre qui, tel une archive, se voudrait un condensateur d’expériences à venir en nous parlant de leurs devenirs et leurs réactualisation.

Nous remercions les différents lieux qui nous ont accueillis, en particulier le Théâtre de L’Échangeur. Sans eux, rien n’aurait été possible.

L’un de nous a pris l’initiative de créer sur le site des Communaux une nouvelle rubrique qui sera régulièrement alimentée autour des Soulèvements de la Terre.

Nous vous disons à bientôt.

Forcément.

Les communaux