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Invitation à un banquet et à des échanges aux Murs à Pêches le 18 mars 2023

Plantons le décor. 82 000 hectares de terres agricoles disparaissent chaque année en France. 2000 en Ile-de-France. Cette dernière dispose d’une autonomie alimentaire de trois jours. La bétonisation suit son cours. La gentrification des quartiers qui peuvent l’être se poursuit. Une course folle à la « compétitivité » entre espaces métropolitains régit les « politiques publiques ».

La seule alternative gestionnaire de l’administration du territoire semble être de le livrer à une spéculation forcenée. Et c’est ainsi que des initiatives collectives mettant en place des formes singulières de réappropriation de nos milieux de vie sont détruites. Ainsi, récemment, la Bergerie des Malassis ou les jardins des Serres Volantes, à Bagnolet, n’ont pas pu résister à des projets de rénovation urbaine menés par la mairie. Ce ne sont là que quelques exemples que nous pourrions multiplier : nous ne nous attarderons pas ici sur les ravages en cours et à venir des JO 2024 et du Grand Paris.

Pourtant, nous gardons à l’esprit les luttes contre la bétonisation à Gonesse, au plateau de Saclay, au Jardin des Vertus, pour ne citer que celles qui ont eu le plus de retentissement. Elles ont obtenu plus ou moins de succès. Et à côté de ces luttes, des expérimentations prolifèrent, malgré l’adversité, autour de nouveaux rapports aux terres urbaines, la mise en commun de moyens de subsistances où s’éprouvent des formes de coopération et de solidarités. Ce sont à chaque fois des expériences communales qui s’affirment contre le monde métropolitain et son atomisation, contre ses ravages et ses destructions de lieux singuliers où se tissent des expériences qui font exister des communautés récalcitrantes. Dans des quartiers. Dans des villages. Dans le monde urbain ou dans les campagnes.

Nous ne retracerons pas ici l’histoire des Murs à Pêches de Montreuil qui plonge dans l’époque médiévale avec ses pratiques de culture maraîchère et de vergers, sa longue histoire de formes disparates d’habitation de l’espace. L’histoire récente des Murs à Pêches incarne une histoire de résistances à l’expansion de l’agglomération parisienne au cours du 20e siècle. Aujourd’hui, ce qu’il en reste se compose de jardins et friches abandonnées, mais aussi de garages, d’ateliers et de petites usines, tout cela à proximité de grands ensembles de logement social, sans oublier la présence ancienne de communautés Gitanes et Rroms.

Dans cette lignée de résistances, d’auto-gestion, de composition de manières disparates d’habiter le territoire, la Fédération des Murs à pêches, créée en 2011, est le résultat d’un long processus de réappropriation, d’auto-organisation, de coexistence dans ce territoire hybride.

C’est ainsi qu’une Charte d’usages de La Prairie a été élaborée récemment. Citons-en quelques éléments descriptifs:

La Prairie est un espace de nature en ville situé au 61 rue Pierre de Montreuil, d’une surface d’environ 4483 m². Le propriétaire de cet espace est la Ville de Montreuil. Un “Conseil de la Prairie” qui doit être créé devrait en être gestionnaire.

La Prairie est entourée côté Sud-Ouest par des habitations, un garage et une carrosserie, côté Nord elle communique par un passage avec les jardins de l’impasse Gobetue classés « Jardins Remarquables » et bordée côté Est par des jardins familiaux.

Elle est située dans le site des Murs à pêches en limite directe de la partie classée au titre des « sites et paysages » par le ministère de l’environnement. Plusieurs études y ont recensé une riche biodiversité, d’espèces et de variétés rares. La Prairie est un grand espace ouvert où la végétation est principalement herbacée et arbustive. Cette configuration en a très vite fait un espace prisé pour se réunir et se rassembler. En cela, la Prairie constitue une réserve et une ressource où la nature, l’humain et l’urbain se rencontrent. Longtemps laissée à l’abandon, cette ancienne casse automobile et décharge a été réinvestie, depuis le début des années 1990, par des associations et des jardinier.e.s.

La charte des usages est une expérimentation d’auto-organisation mais aussi de cohabitation plus ou moins conflictuelle avec l’administration municipale.

Lors du Forum politique de l’année dernière, dans le cadre du Festival des Murs à Pêches, organisé par la FMAP, Les Communaux et Remix the commons, avaient invité à s’exprimer et à se rencontrer des collectifs faisant vivre des expérimentations portant sur les usages des terres urbaines, ou rurales, ou encore sur des formes d’auto-subsistances, œuvrant au tissage de liens de solidarité dans les quartiers populaires et d’invention de formes d’hospitalités à l’égard des personnes vivant des situations de vulnérabilité.

Nous prévoyons de nouvelles rencontres dans le cadre du prochain Festival des Murs à pêches qui se tiendra les 27 et 28 mai 2023. Cette fois, en privilégiant une logique territoriale de proximité, c’est-à-dire, l’Ile-de-France.

C’est à partir de l’expérience des usages mis en commun des Murs à Pêches, de ses formes d’organisation collective, des liens avec son environnement proche et de ses manières de résister à la métropolisation, que nous voudrions interroger d’autres expériences proches, créer des liens et des alliances, aussi bien autour des manières de faire exister ces initiatives de réappropriation que des luttes contre les politiques de destruction portées par les logiques d’administration métropolitaine sous le signe de la spéculation économique.

Pour en discuter ensemble et préparer ces rencontres, nous vous proposons de participer à l’organisation d’un banquet qui se tiendra le 18 mars, à partir de 10h, à la Prairie, au 61 rue Pierre de Montreuil.

Si vous souhaitez y participer, vous pouvez contacter: Samantha, de la FMAP : 07 49 05 01 45; Mathieu, de la FMAP : 06 37 45 70 03; Frédéric, de Remix the commons : 06 74 93 25 47; Josep, des Communaux : 07 50 94 57 25