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Défaire la métropole, habiter le commun

Qu’ont en commun la reprise de terres et de métiers de l’artisanat par un collectif de personnes au parcours migratoire en France, la défense du territoire contre les méga-bassines, les plantations industrielles ou
les méga-projets d’énergie renouvelable ici, au Mexique, en Guyane, au
Sénégal; la lutte contre la précarisation du travail, la disparition des jardins ouvriers, les expulsions des squats et les violences policières dans les banlieues parisiennes?

On commence de cette façon le cycle de cinéma solidaire « Défaire la métropole, habiter le commun » :

https://habiterlecommun.noblogs.org/

Le cycle :


Qu’ont en commun la reprise de terres et de métiers de l’artisanat par un collectif de personnes au parcours migratoire en France, la défense du territoire contre les méga-bassines, les plantations industrielles ou les méga-projets d’énergie renouvelable ici, au Mexique, en Guyane, au
Sénégal; la lutte contre la précarisation du travail, la disparition des jardins ouvriers, les expulsions des squats et les violences policières dans les banlieues parisiennes? Ce sont, toutes à leur manière, des luttes pour un mode d’habiter cherchant des alternatives à l’extractivisme, au profit, à la capitalisation et la normalisation des modes de relations professionnelles tout autant qu’intimes. Ce sont des
tentatives pour s’extraire des référentiels de pensée dominants pour justement se demander: quels autres savoirs, quelles autres pratiques avaient-ils laissé de côté, quelles expériences rendaient-ils impossibles? C’est en partant de ces questionnements que nous proposons ce cycle de documentaires.

L’hypothèse du dispositif est simple: mettre le regard sur les
possibilités de partir de là où nous sommes pour penser et créer collectivement d’autres mondes possibles. Il s’agit de séances de documentaires projetés ici et là, dans des lieux associatifs, dans des cinémas de quartier, dans des foyers, dans des espaces occupés, à l’intérieur ou en plein air, le soir ou l’après-midi. Les films montrent la métropole et sa catastrophe en cours depuis des angles différents,
partageant les expériences, les idées, et inspirant l’imaginaire
politique qui permet d’ouvrir la voie des alternatives. Chaque séance est co-organisée, en autonomie, avec un collectif, une organisation, un réseau, visant à diffuser et soutenir leurs luttes et leurs projets. Le prix est libre et l’argent collecté est destiné à un processus d’organisation. Avec un peu de chance, les événements encouragent des rencontres, des alliances, des collaborations inattendues, laissant la
trame du commun se faire.

Démetropolisation

Dénoncer, déserter, démanteler, démétropoliser. Les fumées des pesticides agro-industriels, les fumées des usines, les fumées des gaz lacrymogènes : ici il n’y a plus d’air, nous étouffons. Nous étouffons sans travail, sans terre et sans papiers. Nous étouffons sur les bateaux qui traversent la mer; nous étouffons dans les mines, les champs et les fabriques ; nous étouffons devant les écrans qui ont remplacé les
bureaux et les écoles ; nous étouffons sous les coups des violences policières.

On sait bien que la métropole n’est pas la ville. Elle n’est plus cette ancienne opposition entre la ville et la campagne. La métropole est l’anéantissement de la ville et de la campagne. C’est la déforestation, le défrichage, les monocultures qui transforment nos paysages de vie en des agglomérats désuets, inertes, silencieux, au service de la consommation de masse. C’est la bétonisation, l’hyper-connectivité, l’agrandissement des déchetteries et l’intensification de la spéculation immobilière qui aménagent nos espaces d’habitation, déplaçant nos quartiers et nos communautés et atomisant nos existences.

La métropole est un produit essentiellement colonial. C’est l’existence de la colonie qui fait exister la métropole. Ailleurs, dans ces terres pas si lointaines où l’on exploite les gens et les ressources, ravageant des milieux de vie et des économies de subsistance, pour continuer à nourrir la machine spectaculaire ; et ici, où la police harcèle les banlieues, chasse les sans papiers et écrase les jardins ouvriers lorsque les investisseurs, les gestionnaires et les touristes transforment les centres-villes en vitrines. Entre l’un et l’autre, entre ici et là-bas, entre le centre et la périphérie : des frontières militarisées, des ceintures de misère, des fantasmes du développement, des trajectoires inhospitalières d’exil.

Combattre la métropole et son monde, voilà l’enjeu politique d’une époque où il devient désormais impératif de tisser des liens entre des crises apparemment fragmentées et détachées (environnementale, économique, celle du travail, de la paysannerie, la crise migratoire ou des institutions éducatives). Démétropolisons donc, mais par le bas,
avec les êtres qui habitent autour, pour construire ensemble, d’égal à égal, un habiter plus grand que la métropole : un habiter en commun.

Cycle de cinéma solidaire « Défaire la métropole, habiter le commun » : https://habiterlecommun.noblogs.org/