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Pas de transition sans transe

Dans le cadre du cycle de présentation des recherches des Communaux. Avec Jean-Louis Tornatore, « Pas de transition sans transe. Essai d’écologie politique des savoirs ».
Le 16 mars à 19h, au Théâtre de L’Échangeur.

Dans le cadre du cycle de présentation de recherches des Communaux, Rencontre avec Jean-Louis Tornatore autour de son dernier livre qui doit paraitre aux Éditions Dehors en mars 2023.

La transition appelle la transe, telle est l’hypothèse explorée dans ce livre spéculatif, totalement engagé dans la réflexion sur les conditions de l’instauration d’un monde à naître sur les ruines du monde de l’Anthropocène. D’un sens propre à un usage métaphorique, en quelque sorte par contagion, la transe est ce « transport institué » constitutif du terrain par lequel les anthropologues se sont confrontés à la différence. Ceci explique sans doute leur incrédulité familière – ou leur familiarité incrédule – manifestée à l’égard des « formes altérées de la conscience », leurs questionnements sans fin sur les formes spectaculaires qu’elles créent et les soupçons de simulation qu’elles ne manquent pas de susciter. On comprend, au vu de ces formes, que la transe a été aussi en même temps un lieu de questionnement artistique, via une exploration des pratiques théâtrales vues à la fois comme une continuation des rituels chamaniques ou de possession et comme un moyen d’accession à une forme d’existence primordiale, d’avant les partages et les bifurcations, apte à permettre de saisir les interdépendances. Enfin, si l’on pense à la manière dont les dualismes (nature/culture, sujet/objet…) ont façonné l’Occident possessif, dominateur et destructeur, on peut voir dans la philosophie pragmatiste, anti-dualiste par définition, un art de transe, c’est-à-dire un art des passages et d’accès à la profondeur des choses dans leurs interrelations. Mais voilà que notre temps incertain favorise l’extension de la transe comme métaphore adressée à l’Occident confronté à l’horizon de finitude de l’espèce humaine. Est-il possible que l’Occident entre en transe et sache s’ouvrir pleinement aux savoirs des différences pour façonner avec eux et non contre eux un monde indisponible et vrai, c’est-à-dire dans lequel la réalité n’est pas une fatalité ? L’écologie des savoirs qu’appelle l’ontologie politique et relationnelle, développée et revendiquée par les philosophies autochtones, invite au retour de la transe et à l’accueil des êtres ou des entités jusqu’ici congédiés, sans droit de cité ou minorés dans leur fonction cognitive, comme des êtres qui comptent et sur lesquels nous devrions pouvoir compter. En somme ce livre traite de la transe considérée sous les rapports de l’anthropologie, de la philosophie pragmatiste, du théâtre et de la politique.

Jean-Louis Tornatore est anthropologue, professeur à l’université de Bourgogne. Ses travaux développent, d’une part, une critique de la raison patrimoniale et interrogent, d’autre part, les conditions de possibilité d’une écologie des savoirs.

Au Théâtre de L’Échangeur, le 16 mars à 19h. 59 avenue Général du Gaulle – 93170 Bagnolet.
Administration 01 43 62 06 92 | info@lechangeur.org
Réservations 01 43 62 71 20 | reservation@lechangeur.org