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“Dedans-dehors, prendre l’air avec les enfants”

Rencontre le vendredi 10 décembre, au Théâtre de L’Échangeur, (Bagnolet), à l’occasion de la parution du livre de Camille Louis “La conspiration des enfants”. La turbula revient ; elle n’a rien perdu de sa puissance à la fois terrible et parodique, que seuls connaissent les enfants.

Dans le cadre du cycle que nous proposons de présentation de recherches et d’expérimentations collectives, nous avons le plaisir de vous convier à un moment d’échanges à l’Échangeur le 10 décembre à 19h. Cette rencontre, à l’occasion de la parution de La conspiration des enfants de Camille Louis, comptera aussi avec la présence d’Isabelle Cambourakis (éditrice et enseignante), Léa Drouet (metteure en scène et coordinatrice artistique de l’atelier 210, Bruxelles), Josep Rafanell i Orra (psychologue et écrivain) et Malik Soarès (auteur, compositeur et interprète).

Camille Louis, “La conspiration des enfants”, PUF, 2021

Dans son ouvrage tout juste paru La conspiration des enfants (collection Perspectives critiques, PUF, Octobre 2021), Camille Louis, philosophe, dramaturge et activiste pour l’égalité radicale ne prend pas les enfants comme objets d’étude ou sujets à analyser mais bien comme compagnes et compagnons de trajets. Là où toutes les routes semblent être bloquées, où les murs sont dressés et les subjectivités déviantes ou simplement différentes sont enfermées pour être redressées, ils et elles continuent de veiller en faisant circuler quantités de récits oubliés, passés ou non encore venus. Les enfants turbulents et la petite foule (turbula, en latin) des enfants « troublés » ne dort pas, elle veille. Les toxiques générés par un présent suffoquant ne les font pas sombrer dans un « sommeil de plomb » mais les font tousser, émettre des sons qui font signe autrement et manifester « l’air de rien » la possibilité de résister à l’endormissement, à l’anesthésie généralisée qui assèchent les yeux, les langues et les visions. Ensemble ils reprennent des respirations, conspirent et inspirent de nouvelles possibilités de circulations qui remettent de l’air dans les territoires refermés, les structures établies et crispées, les imaginaires bouchés.

Composés au croisement de ses enquêtes de terrains et de leurs prolongements en fabulations, les enfants dont Camille Louis content les déplacements sont moins les petits élèves des plus grands que les enseignants potentiels d’un monde demeurant monde. Alors que tout un système social et éducatif entend « montrer le monde » aux enfants en leur indiquant la bonne place qu’il faut y occuper et la bonne voie pour l’intégrer en tant qu’individu performant, conquérant et « réaliste » dans ses projets et aspirations, les mondes de l’enfance dans lesquels quelques un·e·s essaient de s’immerger, dessinent aussi et surtout des enfances de monde possible, désirable, respirable.

Qu’il. elle soit enseignante, artiste, parent ou non, enfant placé devenu grand, soignant·e… ici et là des tentatives sont menées pour approcher les mondes de l’enfance autrement et accompagner leurs potentiels de circulations.

Le 10 décembre, au théâtre de l’Échangeur, quelques unes de ces tentatives seront partagées par les actrices et acteurs de terrains divers qui les mènent en se démenant, du même coup, au sein des cadres souvent bouchés que l’on conçoit pour « s’occuper des enfants ». Au sein de l’école, de l’institution artistique, des foyers spécialisés, comment replace-t-on les enfants hors des places déjà prévues pour eux mais sans eux ? Comment se replace-t-on à leurs côtés en les considérant comme co-actrices et co-acteurs des déplacements, des passages entre dedans et dehors qui remettent de l’air au sein de toute institution ? Ni enfant victime, ni enfant roi, mais enfant coexistant d’un présent qu’il s’agit, pour chacun·e de nous, de tenter d’habiter malgré les saccages qui lui sont imposés en asséchant ses sols, déboisant ses forêts, asphyxiant les vivants plus ou moins grands. Se placer à hauteur d’enfant, peut-être est-ce une manière de reprendre le monde par les racines, et tenter, à plusieurs, de nouvelles boutures qui mêlent aux fleurs un peu fatiguées et aux tiges chargées de pollution, quelques plantes invasives venant de et ouvrant vers d’improbables destinations.

Entre l’expérience de l’École du dehors dans laquelle est engagée Isabelle Cambourakis, celle proche, malgré la distance, de l’école ouverte et multiculturelle de Mikros Dounias, que Camille Louis a rencontrée en marge des camps fermés de l’île de Lesbos, l’histoire du spectacle Quasar que Malik Soarès a créé le long d’ateliers menés avec des enfants placés et celle de la pièce à venir de Léa Drouet, Infans, qui interroge les « autours » et les différents modes d’approche ou de recouvrement de l’enfance, les paroles circuleront entre les intervenants avant de s’ouvrir plus largement à l’ensemble des personnes présentes.

Nous nous retrouverons au Théâtre de L’Echangeur (à Bagnolet), le vendredi 10 décembre à 19h. C’est accessible en métro, bus ou tramway : de plus amples informations pratiques disponibles sur le site du Théâtre.

Nous vous prions, en raison de la jauge de présence imposée aux lieux culturels publics pour cause de Covid-19, de nous faire savoir votre présence par retour de mail.


Quand les cendres appellent l’eau

A écouter : Camille louis était l’invitée, le 31 octobre 2021, du podcast Lundisoir pour parler de son livre.

La photo qui illustre cet article est extraite de l’exposition « Made in Haïti » qui retrace la quête de la créativité des enfants dans les rues en Haïti, par une photographe Martha Cooper qui y revenait quarante ans après et Seth, artiste urbain qui découvrait le pays.